Séparer le bon grain de l’ivraie. Une parabole d’origine biblique que pourrait faire sienne l’entreprise Terbis, qui a récemment implanté son siège dans la zone industrielle de Pont-Sainte-Maxence. La société s’est forgé une solide réputation dans le domaine de la dépollution sur site, en innovant en permanence dans ce secteur très spécifique, aux contraintes bien particulières. « L’entreprise a démarré en 1985 en Rhône-Alpes, avec une activité axée sur la collecte et la valorisation des déchets, se rappelle Michel Prendleloup, président de Terbis. Ce n’est qu’en 2009 que nous avons changé de cœur de métier pour la dépollution et la réhabilitation des sites. »

Pour prendre ce virage, Terbis a su recruter des experts reconnus dans ce domaine. Par exemple Alexis Arts, l’un des associés. Son savoir-faire a été mis à l’épreuve sur des sites emblématiques, comme celui de l’usine AZF, à Toulouse. Ou encore de l’épave de l’Erika, en Bretagne.

Terbis en chiffres 70 000 t de terres ont été dépolluées en 2016 à l’aide des différents process mis en place par Terbis.

3 M€. C’est le chiffre d’affaires réalisé par la société en 2016.

15 salariés sont employés par Terbis, la plupart se trouvant généralement sur les chantiers. Selon les besoins, ce total peut grimper jusqu’à une vingtaine de personnes.

2 M m³ . C’est le volume de terres polluées et de déchets, y compris de l’amiante, qui ont été triés par les équipes de l’entreprise sur l’ancien site AZF de Toulouse. Plus de 450 000 t de terres impactées en métaux lourds et déchets ont été valorisées.

96 %. C’est le taux de valorisation et de recyclage obtenu grâce à l’intervention de Terbis à la suite du naufrage de l’Erika. L’entreprise ayant traité 256 000 t de matières solides, 800 000 m³ de liquides et une surface de 20 ha.

En rachetant le vaste site de l’ex-Salpa à Pont-Sainte-Maxence, Terbis a trouvé un site à la mesure de ses ambitions. Et près de la rivière Oise: « Le fluvial est la solution la plus adaptée pour le transport de terres polluées que nous aurons à traiter à l’avenir », indique Michel Prendleloup.

Pour l’heure, c’est surtout dans la dépollution sur site que Terbis met en œuvre son savoir-faire. « Nous avons des solutions de dépollution biologique, avec des bactéries que nous cultivons pour certains types de déchets », note Patrice Dadaux, directeur du site Terbis de Pont-Sainte-Maxence. Aucun produit ne les rebute, bien au contraire. « On adore les situations complexes, sourit Michel Prendleloup. Les décharges, par exemple, où l’on va trouver toutes sortes de déchets, c’est notre spécialité. »

Pour se développer, Terbis mise sur les munitions et les écrans de télévision

Sur son site de Pont-Sainte-Maxence, Terbis est loin d’occuper tout l’espace disponible. Mais la situation ne devrait pas tarder à évoluer. L’entreprise est en attente de l’autorisation pour exploitation plus intensive des lieux. « Et d’aménager le quai d’accès à l’Oise, situé juste à l’arrière des hangars, pour utiliser le transport fluvial », indique Patrice Dadaux, le directeur.

De quoi, par exemple, mettre en place un dispositif de valorisation du verre qui compose les anciens écrans de télévision. « C’est un projet que nous développons depuis trois ans, en collaboration avec nos voisins maxipontains d’APSM, précise Michel Prendleloup. Cela n’existe pas encore en France. Nous pourrions traiter et recycler environ 5 000 t de ce verre par an. » 40 créations d’emploi pourraient en découler, à répartir entre Terbis et APSM.

Le deuxième axe de développement ne concerne pas le site de Pont-Sainte-Maxence, mais affiche une envergure internationale. Il s’agit du traitement et de l’élimination des engins de guerre, des munitions et des armes chimiques. « C’est un projet très ambitieux que nous construisons avec des partenaires allemands, révèle le président de Terbis. Nous avons racheté un brevet pour prendre en charge la mise en sécurité, le tri et l’élimination des déchets toxiques. Nous avons recruté des spécialistes, pour la plupart d’anciens démineurs de l’armée. » Mais que les habitants de Pont se rassurent, « aucune munition ou arme chimique ne sera acheminée sur notre site, insiste Patrice Dadaux. Ces missions ne se font qu’à l’endroit où sont détectées ces armes. »

Terbis se tient aussi prêt à intervenir sur des installations pétrochimiques, sur les lieux d’un naufrage ou d’un sinistre pour stopper au plus vite les risques de pollution. Des performances rendues possibles grâce à un équipement de pointe et en perpétuelle évolution. Fin 2016, la société a profité du salon de l’immobilier d’entreprise pour présenter son prototype de machine PTC (pyro-thermo catalyse). Compacte et facilement transportable, elle est capable de traiter des déchets solides, liquides et gazeux directement sur site. Ce qui évite le transport de substances chimiques dangereuses.

La PTC permet la décomposition complète des molécules organiques, par l’action combinée de puissants catalyseurs et d’un rayonnement infrarouge de haute intensité. La machine pourra à terme traiter plusieurs tonnes par heure. « La dépollution de sites est vraiment un domaine où l’on peut expérimenter et amener des techniques innovantes », apprécient Michel Prendleloup et Patrice Dadaux, le regard déjà tourné vers d’autres projets.

Le 5 mars 2017 à 14h40
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